par Francine Finck
Du 2 au 22 novembre 2019
Les photos ont été prises dans les années 80, quand la photographe et sa sœur Marie Odile, qui se diplôme alors en psychiatrie sont admises dans un univers très spécial : celui de la maladie mentale, des rites, des guérisseurs, des esprits. D’autres portes qui s’ouvrent. Derrière le masque, il y a une force, une présence. Les esprits, au Sénégal, guident le monde des vivants. Ils peuvent porter, libérer, ou posséder.
La photographe s’approche pour tenter de voir encore au delà. Qu’y a-t-il derrière ces visages parfois figés par la maladie, ces corps jetés avec violence par le naufrage de la vie et restés là brisés?
Dans un rigoureux noir et blanc, elle interroge des gens qui souffrent ou qui soignent, le pharmacien, beau comme un lion couché, le marabout dont le visage est un autre masque, l’homme perdu qui regarde par terre.
Elle photographie des couples: le patient et l’infirmier, les deux amis, les époux.
Puis des groupes, en pose et non, au travail, à la pause.
Dans les portraits ou les gens ne sont pas seuls, on peut voir la joie qui reflue, la complicité, la reconnaissance de l’autre.
Et partout cette nature magnifique, ces arbres si puissants, si habités, qu’il semble impossible, dans un tel scénario, avoir le choix entre désespoir et rémission.
C’est finalement un genre d’enquête sur la condition humaine que mène Francine a Kénia et Mawa en 1980, sur ce qui en nous est instinct ou culture, sur le fait qu’un individu n’est pas seul en lui même, sur le rôle de l’autre et de l’invisible dans la guérison.
Dans sa très personnelle perspective: celle de la profondeur de champ.
Dominique Jacques, Octobre 2019