Repressed memories

Par Ārun

Du 17 septembre au 2 octobre 2021

Lundi à samedi 10h – 12h & 14.30 – 17h – Gallerie 2

Vernissage vendredi 17 sept. à 16h

Sortir de Chennai, la ville ou j’ai grandi, me prend plus d’une heure sur ma Enfield. La chaleur tape sur mon casque, éviter la circulation, filtrer le bruit, et inspirer les gaz d’échappement pousse mes sens à un niveau de saturation. Finalement, j’ai le sentiment d’avoir réussi à m’échapper et me retrouve sur un tronçon d’autoroute relativement dégagé où je prends la première sortie.

Je suis arrivé dans un nouvel endroit. Je passe des rizières vertes où des files de femmes, jupons remontés jusqu’à la taille, jambes nues dans l’eau marron, se courbent sur des plans de riz tendres; je ralenti derrière un char à boeufs oscillant, la paille éclipse le conducteur à l’exception de ses pieds plats et calleux que j’entrevois entre des roues déséquilibrées. Je rate presque le bassin en pierres sculptées conçu pour une princesse oubliée depuis longtemps. Il y a des lignes tordues de palmiers et entre eux, des huttes aux toits de feuilles de cocotiers et leurs cours de terre, vides à l’exception des enfants dans leurs uniformes miteux d’après midi qui chassent des pneus de vélo avec un bâton.

Le premier appareil photo Holga que j’ai emprunté a ébranlé quelque chose en moi ; j’ai maintenant le mien et il m’aide à conditionner mon passé et mon présent en un futur. Ceci est une série sur mon état d’origine, le Tamil Nadu, en Inde. Elle s’est constituée depuis fin 2016. Elle représente les influences quotidiennes, les dilemmes, les contrastes, les drames et les rêves d’où a dû évoluer mon identité. Enfant, on m’a dit qui je devrais être ou ce que je devrais faire; mes choix sur qui je voulais être étaient réprimés, ces images sont donc des reflets de ma mémoire fragmentée.

Le carillon distant des cloches d’un temple indique qu’il y a quelque chose ici. Le jour s’allonge, et le chemin d’herbe me mène vers des souvenirs oubliés. J’explore tel un étranger dans mon propre pays. C’est à moi de décider qui je peux être et où j’irai à partir de la.

Biographie :

Ārun (né en Inde en 1990) se concentre sur les forces contemporaines du développement sur l’identité indienne, la culture traditionnelle et les environnements naturels. Photographiant en noir et blanc moyen format, son format de predilection, il examine ses sujets avec un œil pour les lignes de géométrie et les contrastes de lumières et d’ombres, influencé par son appréciation pour le travail de Lu Nan et Gordon Parks. Son histoire personnelle démontre une étude intense d’un sujet souvent équilibré par de surprenantes observations auxquelles le spectateur ne s’attend pas.

Ārun est un photographe freelance autodidacte, avec un intérêt particulier pour les processus photographiques d’archive. www.aavanam.in